J’ai 10 ans. Je descends l’escalier qui mène à l’entrée de l’école. Au pied de l’escalier, des filles blondes pleurent, le visage dans les mains, à chaude larmes. C’est un souvenir du matin, l’arrivée à l’école, à l’arrivée du printemps. J’ai 10 ans et les filles pleurent, elles sont une bonne dizaine, à m’attendre là, sans doute à cause du printemps. Dans quelques jours il fera vraiment, vraiment bon. C’est fou les hormones, même à dix ans.

Mais qu’est-ce qu’il y a je dis ? Mais tu ne sais pas elle dit ? Mais quoi je dis ? Claude François est mort elle dit. C’est qui je dis ? C’est qui je dis ? C’est qui Claude François je dis ?

Depuis le 12 mars 1978, j’attends avec impatience qu’on me change d’école, puis de ville, puis de pays, puis de continent, de planète enfin, afin d’échapper à cette terrible réputation. Mais je suis toujours là, et depuis, je crains comme la peste le retour du printemps.

Laisser un commentaire